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Lutte contre l'obésité : l'ingérence de l'État est indue et inefficace

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Obesity in Canada: Overstated Problems, Misguided Policy Solutions

Même s’il y avait une « épidémie d’obésité » au Canada, ce qui n’est pas le cas, les mesures du gouvernement visant les Canadiens en surpoids sont coûteuses, mal dirigées et probablement inefficaces. C’est la conclusion d’une nouvelle étude publiée aujourd’hui par l’Institut Fraser, un organisme canadien de recherche en politiques publiques indépendant et non partisan.

« Malgré les affirmations de certains politiciens, médias et partisans de la santé publique, il n’y a pas, au Canada, d’épidémie d’obésité causant un grand nombre de maladies et de décès. Par ailleurs, il est faux de prétendre que seul le gouvernement peut nous sauver de nous-mêmes », soutient Nadeem Esmail, directeur de la recherche sur les politiques de santé de l’Institut Fraser et auteur de l’étude intitulée Obesity in Canada: Overstated Problems, Misguided Policy Solutions.

L’étude, qui distingue l’obésité du surpoids, traite principalement de trois thèmes : les taux d’obésité au Canada, le rapport entre l’obésité ou le surpoids et la mauvaise santé ainsi que le décès prématuré, et les mesures prises par le gouvernement. L’analyse et les comparaisons présentées sont fondées sur des données canadiennes, américaines et britanniques.

Taux de surpoids canadien

Selon l’étude, le taux de surpoids de la population canadienne a été stable de 2003 à 2012. Et si le taux d’obésité est passé de 15,3 à 18,4 %, il est également stable depuis 2009. En fait, le taux d’obésité pourrait être en baisse chez les hommes, même s’il continue d’augmenter chez les femmes. Les taux de surpoids et d’obésité des jeunes de 12 à 17 ans sont stables depuis 2005.

« Les données disponibles ne corroborant pas les allégations selon lesquelles il y aurait une épidémie d’obésité, les décideurs politiques canadiens devraient faire preuve de prudence en ce qui concerne les propositions de politiques, et éviter une intervention énergique », fait valoir M. Esmail.

Conséquences publiques (et privées) de l’embonpoint

Il y a manifestement un lien entre l’obésité et les décès prématurés, mais l’étude constate que les personnes légèrement obèses (selon l’indice de masse corporelle ou IMC, qui est fondé sur le rapport du poids à la taille) ne présentent pas nécessairement plus de risques que les personnes de poids « normal ». En fait, selon un certain nombre d’études, le taux de mortalité des personnes en surpoids (mais non obèses), toutes causes confondues, pourrait bien être plus faible que celui des personnes de poids normal, et nettement plus faible que celui des personnes de poids insuffisant.

« Lorsqu’on tient compte des répercussions du poids – allant de l’insuffisance pondérale jusqu’à l’obésité – sur la santé, des progrès constants de la médecine, et de l’ensemble des coûts économiques et conséquences de l’obésité, on constate que le fardeau imposé par l’obésité au système canadien de soins de santé pourrait être largement surestimé », explique M. Esmail.

Le gouvernement peut-il réduire l’obésité?

La plupart du temps, les mesures publiques de lutte contre l’obésité et le surpoids visent les entreprises privées et les particuliers. Elles comprennent notamment la hausse des taxes sur les aliments sucrés et gras, l’interdiction de certains aliments et de distributeurs automatiques, ainsi que l’obligation de l’étiquetage nutritionnel en magasin et au restaurant.

Toutefois, ces politiques négligent souvent les causes complexes du surpoids et de l’obésité, y compris les facteurs physiologiques, psychologiques et socioéconomiques comme la culture, la vie et la structure familiale, le patrimoine génétique, et le niveau de revenu. Elles imposent aussi des coûts à l’ensemble des Canadiens, peu importe le mode de vie de chacun, et, surtout, elles ne tiennent aucunement compte du fardeau imposé aux contribuables, aux entreprises privées et à l’économie en général.

Beaucoup de ces politiques participent ainsi au gonflement de la fonction publique (par exemple, par la création d’un organisme qui détermine les aliments et boissons à taxer ou à interdire). Nombre d’entre elles freinent la croissance des petites entreprises et augmentent les coûts, qui sont probablement répercutés sur les consommateurs.

« Les interventions des gouvernements imposent des coûts sans discernement, et diabolisent à tort certains aliments, fabricants et distributeurs de produits alimentaires. Si ces mesures ne réussissent pas à réduire les tours de taille au Canada, leurs partisans feront sans doute valoir qu’elles n’étaient pas assez fortes ou interventionnistes. En réalité, cependant, l’État peut difficilement modifier les comportements qui causent le surpoids et l’obésité, et ses interventions ne sont pas aussi efficaces que certains le prétendent », conclut M. Esmail.