Délais d’attente en chirurgie—préparons l’après-pandémie

Printer-friendly version
Paru dans La Presse, January 9, 2022

En 2021, le délai d’attente moyen entre le rendez-vous auprès du médecin de famille et le traitement médical requis s’est élevé à plus de 29 semaines dans la province, bien au-delà de ce que les médecins considèrent comme cliniquement raisonnable. C’est ce qui ressort de la plus récente enquête annuelle de l’Institut Fraser auprès des médecins canadiens.

Si ces délais concernent des interventions dites « non urgentes », elles sont toutes médicalement requises et comprennent des traitements qui vont de l’extraction de la cataracte jusqu’aux pontages coronariens, en passant par les opérations oncologiques.

En plus des conséquences économiques importantes, des temps d’attente prolongés peuvent augmenter le stress et la douleur des patients, conduire à une détérioration de leur état de santé et, dans le pire des cas, entraîner des décès évitables.

La pandémie a certes aggravé les délais d’attente en chirurgie, en raison des mesures de délestage imposées dans le réseau. Nos professionnels de la santé, exceptionnels dans la façon dont ils font face à cette crise au quotidien, ont dû être mobilisés pour soigner en priorité les patients atteints de la COVID-19. Mais n’oublions pas qu’il y avait avant la pandémie d’importants problèmes d’accès aux services chirurgicaux au Québec. On peut blâmer la pandémie pour bien des choses, mais elle ne peut expliquer à elle seule près de trois décennies d’augmentation des temps d’attente !

La situation actuelle n’est évidemment pas unique au Québec. Cependant, la situation de nombreux pays développés était moins défavorable que la nôtre à l’aube de la pandémie. En 2020, le Fonds du Commonwealth a classé le Canada au dernier rang des 11 systèmes de santé internationaux évalués au chapitre de la rapidité d’accès aux soins.

Un peu plus du tiers des Québécois (35 %) avaient rapporté devoir attendre quatre mois ou plus pour une chirurgie non urgente, soit beaucoup plus que les patients des Pays-Bas (13 %), de la France (10 %), de la Suisse (6 %) et de l’Allemagne (1 %)3.

Pour régler ce problème d’attente chronique dans l’après-COVID, il nous faudra d’ailleurs nous inspirer des systèmes les plus performants d’Europe, qui offrent des soins de santé universels comme nous, mais en temps beaucoup plus opportun. Dans ces pays, les établissements sont financés en fonction des services rendus plutôt que sous forme d’un budget fixe comme ici. Les patients peuvent librement choisir l’établissement où ils souhaitent recevoir leur traitement, à l’aide de leur médecin traitant et d’indicateurs de rendement accessibles en ligne. Les hôpitaux sont récompensés financièrement lorsqu’ils accueillent plus de patients et ont donc tout intérêt à améliorer la rapidité d’accès et la qualité des soins.

Il est inconcevable qu’un pays riche et avancé comme le nôtre fasse « poireauter » ses citoyens sur des listes d’attente aussi longtemps. Cessons de nous comparer au voisin du sud et tentons plutôt d’imiter les pays sociodémocrates d’Europe, qui sont parvenus historiquement à réduire les délais d’attente en tirant profit d’une saine collaboration entre leurs secteurs public et privé, sans pour autant miner les principes d’universalité et d’équité dans l’accès aux soins.

Subscribe to the Fraser Institute

Get the latest news from the Fraser Institute on the latest research studies, news and events.