Les écoles indépendantes au Québec vont à l'encontre de la caricature «élitiste»

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Paru dans La Presse, 09 Octobre 2016

Un mythe persiste au Québec selon lequel les écoles privées seraient de type « élitiste », dont l’unique mandat consisterait à desservir les enfants de familles fortunées. Renforçant ce stéréotype, un enseignant laissait entendre récemment dans La Presse + que ces écoles ne servent qu’à « la classe socioéconomique privilégiée ».

Or, les écoles indépendantes (un terme plus précis pour décrire les écoles non gouvernementales) correspondant globalement à cette image caricaturale sont beaucoup moins nombreuses que ce que l’on pourrait penser. C’est ce que démontre une étude exhaustive de l'Institut Fraser parue récemment qui s’appuie sur des données provenant des ministères provinciaux au Canada.

Dans l’ensemble, on dénombrait 285 écoles indépendantes sur le territoire québécois en 2013-2014. Ces écoles ont accueilli 123 161 élèves, soit environ 12 % des effectifs totaux inscrits dans la province. Il s’agit du plus haut taux parmi les provinces canadiennes.

De ce nombre, les données compilées montrent que seulement 5 % de tous les élèves inscrits dans une école indépendante ont fréquenté l’un des 17 établissements qu’on pourrait qualifier d’élite lors de cette même année. 

En outre, on apprend dans l’étude que les parents des élèves fréquentant les écoles indépendantes affichent des préférences très variées en matière d’éducation. Il peut s’agir de préférences liées à des besoins pédagogiques spécifiques, un enseignement religieux particulier, ou encore à la pratique d’un sport ou d’un instrument de musique quelconque. 

À ce titre, un total de 126 écoles indépendantes ont été répertoriées comme étant des écoles spécialisées. Le programme d’enseignement de ces écoles comporte une orientation spéciale (par exemple, les arts, les langues, ou encore la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques), une approche distincte en matière d’enseignement et d’apprentissage (par exemple, Montessori ou Waldorf), ou encore une orientation ciblant des populations d’élèves précises (par exemple, les élèves en difficulté ou ceux ayant des besoins particuliers). Les données recensées indiquent que les écoles spécialisées regroupaient 43 % de l’ensemble des élèves fréquentant une école indépendante au Québec (53 297 élèves). 

L’étude a également révélé que 78 % des écoles indépendantes touchent des subventions du gouvernement pour financer en partie leurs opérations courantes. Selon les chiffres du ministère de l’Éducation, les subventions gouvernementales aux écoles indépendantes représentent environ 60 % du montant opérationnel par élève octroyé aux écoles publiques québécoises. 

Certains intervenants déplorent cette situation et soutiennent que l’État québécois pourrait réaliser des économies en diminuant ou en abolissant carrément ces subventions. Au contraire, les données compilées nous laissent croire qu’un grand pourcentage de familles à revenus moyens ne seraient pas en mesure de supporter l’entièreté des coûts requis pour l’éducation de leur enfant dans ces écoles sans le soutien financier de l’État. En migrant vers les établissements publics, ces élèves viendraient donc alourdir le fardeau des dépenses en éducation que supporte le gouvernement. 

Que les parents de plus d’un élève québécois sur huit choisissent d’envoyer leurs enfants à l’une des 285 écoles indépendantes de la province n’est pas fortuit. C’est la preuve que ces écoles répondent à des besoins bien réels et des préférences variées au sein de nombreuses familles québécoises. Il est grand temps que les avantages découlant des écoles indépendantes soient reconnus au Québec, et que le mythe voulant qu’elles soient l’apanage d’une élite fortunée cesse d’être véhiculé.
 

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