Les personnes qui s’opposent à une réforme de la santé axée sur la participation du secteur privé tentent d’effrayer les Canadiens en laissant entendre que celle-ci entraînera la prolongation des délais d’attente, l’augmentation des coûts et la dégradation de la qualité des services, surtout pour les personnes et les familles à faible revenu.
Leurs allégations sont cependant loin de la réalité. L’expérience internationale semble en effet indiquer que la concurrence privée est une caractéristique fondamentale d’un système de santé universel performant.
Il faut souligner que la concurrence privée et l’objectif louable de l’accès universel ne sont pas incompatibles. En fait, la concurrence privée soutient l’accès universel aux soins de santé et améliore la performance du système, notamment en raccourcissant les délais d’attente.
Prenons l’exemple du système de santé néerlandais, qui combine compagnies d’assurance privées (dont certaines à but lucratif), fournisseurs privés, financement fondé sur les activités et partage des coûts pour offrir un accès plus rapide à des soins d’aussi bonne, voire de meilleure qualité que le système canadien, et ce, à un coût similaire.
À quel point l’accès aux services est-il plus rapide? En 2010, 31 % des Canadiens ayant participé à une enquête internationale sur la santé ont indiqué qu’ils avaient attendu quatre heures ou plus à l’urgence avant d’être traités, contre seulement 3 % des participants néerlandais. Un tiers des participants canadiens ont dit avoir attendu six jours ou plus pour voir un médecin ou une infirmière par rapport à seulement 5 % des participants néerlandais. La performance du Canada au chapitre des délais d’attente pour un spécialiste et une intervention chirurgicale non urgente était également moins bonne que celle des Pays-Bas : 41 % des participants canadiens avaient attendu au moins deux mois pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste et 25 % avaient attendu au moins quatre mois pour une intervention non urgente, contre respectivement 16 % et 5 % des participants néerlandais.
Pour comprendre ces écarts considérables dans les délais d’accès, il faut retenir que le secteur privé joue un rôle beaucoup plus important dans le financement et la prestation des services aux Pays-Bas qu’au Canada.
Contrairement au Canada, le modèle néerlandais ne repose pas sur un monopole public de l’assurance-maladie. Les Néerlandais sont plutôt tenus de souscrire une assurance-maladie standard auprès d’un assureur privé de leur choix. Les primes d’assurance des différents assureurs varient, mais, selon la réglementation, chacun doit offrir la même prime à tous les assurés, peu importe leur âge et leurs antécédents médicaux. Les personnes à faible revenu bénéficient d’une aide du gouvernement pour payer leurs primes, ce qui leur garantit l’accès à la même protection que leurs concitoyens mieux nantis.
Les compagnies d’assurance sont tenues d’accepter tous les demandeurs. Elles doivent toutefois se concurrencer pour les attirer par des différences sur le plan des primes et d’autres facteurs, comme des délais d’attente réduits. Certains assureurs néerlandais garantissent même l’accès à des traitements en aussi peu que cinq jours ouvrables.
Pour obtenir les soins dont ils ont besoin, les Néerlandais peuvent s’adresser aux fournisseurs privés de leur choix (leur compagnie d’assurance peut toutefois limiter les choix). Les patients doivent assumer une partie du coût des soins dont ils ont bénéficié en payant des franchises, qu’ils peuvent choisir d’augmenter pour réduire leurs primes d’assurance-maladie. Enfin, les Néerlandais sont libres de prendre entièrement en charge leurs soins de santé s’ils le veulent.
Cette combinaison de politiques a créé un système de santé de premier ordre aux Pays-Bas. Il importe aussi de savoir que les réformes néerlandaises des dernières années misant sur la concurrence et le financement fondé sur les activités ont réussi à réduire les délais d’accès aux soins, contrairement au Canada où l’augmentation des transferts en santé n’a rien réglé.
Selon l’approche néerlandaise, le gouvernement joue un rôle clé dans le financement, la réglementation et la surveillance du système de santé, mais laisse l’exploitation principalement aux mains d’assureurs et de fournisseurs de services privés. Cette approche est donc très différente de la canadienne, où le gouvernement joue un rôle prépondérant tant dans le financement des services que dans leur prestation. Il est à souligner que le système néerlandais comprend toutes les politiques qui, selon les partisans canadiens du statu quo, détruiraient le régime canadien d’assurance-maladie. Pourtant, le système de santé des Pays-Bas est nettement plus accessible et offre des soins de grande qualité aux malades, peu importe leur capacité de payer.
Pour que le Canada ait un jour le système de santé universel de premier ordre que nous payons déjà, nous devons absolument accorder plus d’attention aux modèles qui fonctionnent. De fausses allégations qui déforment la réalité et qui suscitent la crainte des Canadiens à l’égard de politiques et de réformes sensées ayant porté leurs fruits dans les systèmes de santé universels les plus performants des pays développés ne rendent service à personne.
Commentary
Les discours alarmistes ne sont pas fondés : les données montrent que la concurrence privée en santé est bénéfique
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Les personnes qui s’opposent à une réforme de la santé axée sur la participation du secteur privé tentent d’effrayer les Canadiens en laissant entendre que celle-ci entraînera la prolongation des délais d’attente, l’augmentation des coûts et la dégradation de la qualité des services, surtout pour les personnes et les familles à faible revenu.
Leurs allégations sont cependant loin de la réalité. L’expérience internationale semble en effet indiquer que la concurrence privée est une caractéristique fondamentale d’un système de santé universel performant.
Il faut souligner que la concurrence privée et l’objectif louable de l’accès universel ne sont pas incompatibles. En fait, la concurrence privée soutient l’accès universel aux soins de santé et améliore la performance du système, notamment en raccourcissant les délais d’attente.
Prenons l’exemple du système de santé néerlandais, qui combine compagnies d’assurance privées (dont certaines à but lucratif), fournisseurs privés, financement fondé sur les activités et partage des coûts pour offrir un accès plus rapide à des soins d’aussi bonne, voire de meilleure qualité que le système canadien, et ce, à un coût similaire.
À quel point l’accès aux services est-il plus rapide? En 2010, 31 % des Canadiens ayant participé à une enquête internationale sur la santé ont indiqué qu’ils avaient attendu quatre heures ou plus à l’urgence avant d’être traités, contre seulement 3 % des participants néerlandais. Un tiers des participants canadiens ont dit avoir attendu six jours ou plus pour voir un médecin ou une infirmière par rapport à seulement 5 % des participants néerlandais. La performance du Canada au chapitre des délais d’attente pour un spécialiste et une intervention chirurgicale non urgente était également moins bonne que celle des Pays-Bas : 41 % des participants canadiens avaient attendu au moins deux mois pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste et 25 % avaient attendu au moins quatre mois pour une intervention non urgente, contre respectivement 16 % et 5 % des participants néerlandais.
Pour comprendre ces écarts considérables dans les délais d’accès, il faut retenir que le secteur privé joue un rôle beaucoup plus important dans le financement et la prestation des services aux Pays-Bas qu’au Canada.
Contrairement au Canada, le modèle néerlandais ne repose pas sur un monopole public de l’assurance-maladie. Les Néerlandais sont plutôt tenus de souscrire une assurance-maladie standard auprès d’un assureur privé de leur choix. Les primes d’assurance des différents assureurs varient, mais, selon la réglementation, chacun doit offrir la même prime à tous les assurés, peu importe leur âge et leurs antécédents médicaux. Les personnes à faible revenu bénéficient d’une aide du gouvernement pour payer leurs primes, ce qui leur garantit l’accès à la même protection que leurs concitoyens mieux nantis.
Les compagnies d’assurance sont tenues d’accepter tous les demandeurs. Elles doivent toutefois se concurrencer pour les attirer par des différences sur le plan des primes et d’autres facteurs, comme des délais d’attente réduits. Certains assureurs néerlandais garantissent même l’accès à des traitements en aussi peu que cinq jours ouvrables.
Pour obtenir les soins dont ils ont besoin, les Néerlandais peuvent s’adresser aux fournisseurs privés de leur choix (leur compagnie d’assurance peut toutefois limiter les choix). Les patients doivent assumer une partie du coût des soins dont ils ont bénéficié en payant des franchises, qu’ils peuvent choisir d’augmenter pour réduire leurs primes d’assurance-maladie. Enfin, les Néerlandais sont libres de prendre entièrement en charge leurs soins de santé s’ils le veulent.
Cette combinaison de politiques a créé un système de santé de premier ordre aux Pays-Bas. Il importe aussi de savoir que les réformes néerlandaises des dernières années misant sur la concurrence et le financement fondé sur les activités ont réussi à réduire les délais d’accès aux soins, contrairement au Canada où l’augmentation des transferts en santé n’a rien réglé.
Selon l’approche néerlandaise, le gouvernement joue un rôle clé dans le financement, la réglementation et la surveillance du système de santé, mais laisse l’exploitation principalement aux mains d’assureurs et de fournisseurs de services privés. Cette approche est donc très différente de la canadienne, où le gouvernement joue un rôle prépondérant tant dans le financement des services que dans leur prestation. Il est à souligner que le système néerlandais comprend toutes les politiques qui, selon les partisans canadiens du statu quo, détruiraient le régime canadien d’assurance-maladie. Pourtant, le système de santé des Pays-Bas est nettement plus accessible et offre des soins de grande qualité aux malades, peu importe leur capacité de payer.
Pour que le Canada ait un jour le système de santé universel de premier ordre que nous payons déjà, nous devons absolument accorder plus d’attention aux modèles qui fonctionnent. De fausses allégations qui déforment la réalité et qui suscitent la crainte des Canadiens à l’égard de politiques et de réformes sensées ayant porté leurs fruits dans les systèmes de santé universels les plus performants des pays développés ne rendent service à personne.
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Nadeem Esmail
Senior Fellow, Fraser Institute
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